C’est une véritable révolution silencieuse qui s’est opérée au Mali dans le secteur du bâtiment au cours des années 2000 avec l’invention de la brique « H » ou « 2 H » par l’architecte-urbaniste-aménagiste Gaoussou Traoré.
On dit généralement que les circonstances et l’état de nécessité sont des révélateurs du génie de l’homme. Ainsi peut-on expliquer la formidable inspiration de cet architecte formé en ex Urss et au Royaume de Belgique. Construire au Mali est un véritable casse-tête tant les coûts du logement sont exorbitants. L’architecte a très tôt compris les fortes demandes d’un secteur immobilier en plein boom et la nécessité d’adaptation à un environnement mouvant et exigeant sur le paramètre coût-qualité. La création de la brique « H » obéit elle à ce double souci d’offrir un produit de qualité à un coût réduit tout en sauvegardant l’environnement.
De la vision et de l’audace
La brique « H » est née d’une vision appuyée sur une solide expérience d’homme de terrain ; l’expérience unique et singulière d’un self made man qui a cogité pour améliorer la structure du bâtiment dans l’ensemble de ses composantes depuis la conception de la brique jusqu’à la fin du processus de fabrication du logement. Il a fallu de l’audace pour s’aventurer sur un terrain où les partisans de la construction classique sont nombreux et jaloux de la préservation de leur statu quo. Les enjeux et les intérêts en jeu sont considérables. Les cartels de fabricants de ciment verront certainement dans cette innovation technologique des milliards de manque à gagner. Mais les progrès technologiques ne peuvent pas s’arrêter à ces considérations mercantiles.
Rien que des avantages
C’est une technique de construction originale, des murs utilisant des blocs de béton moulés sous forme de « H » ou 2 H si on considère les deux côtés, en guise de coffrage perdu. La brique « H » est plus économique parce qu’elle est de 30% moins chère que la brique ordinaire tandis que les travaux de maçonnerie ne nécessitent pas de joint de ciment ; ce qui constitue 100% d’usage de ciment en moins ; les chantiers de construction en brique « H » se passent d’arrosage, donc une économie d’eau substantielle ; le confort thermique et acoustique est garanti en raison, de la présence d’une forte dose de terre dans le produit fini. En cas d’incendie, il a été prouvé que la maçonnerie en brique H résiste mieux que les maisons construites en brique classique, un blindage plus compact ; la disponibilité de la terre en grande quantité à portée de main ; la terre de remplissage est mélangée avec de la paille, des sacs plastiques et de l’eau de récupération. Tous ces éléments imbriqués n’offrent rien moins que des avantages comparatifs qui ont propulsé la brique H à la conquête du monde.
Consécration internationale
Ainsi la brique H a franchi toutes les étapes de la reconnaissance internationale : marque déposée, Médaille d’Or au Salon international d’architecture de Genève en 2004, Prix de l’Organisation Mondiale de la Propriété intellectuelle, Médaille d’Or de l’OMPI 2 avril 2004 à Genève lors du 32eme salon international des inventions des techniques et produits nouveaux, meilleure création présentée par un inventeur d’un pays en Développement ; 19 février 2007 l’Arch of Europe délivre à la Soudanaise et à la brique H un certificat d’innovation pour leur contribution exceptionnelle à leur innovation dans le bâtiment ; Paris 22 septembre 2008 la brique H se voit décerner un diplôme de reconnaissance par l’International Platinum Star.
La saga de la brique H s’est poursuivie au Mali. Nul n’est prophète en son pays. Sur le tard le gouvernement du Mali à travers la Direction générale de l’Architecture, a validé la brique H en 2005. Des maisons témoin en bique H ont surgi de terre à Ségou, sebenikoro, faladiè, Gao. Au-delà de nos frontières, à Ouagadougou au Burkina Faso, l’entreprise de Gaoussou Traoré a été sollicitée pour construire 150 logements sociaux.
Le Mali est un vaste chantier à ciel ouvert dans le domaine du bâtiment. C’est un pays en construction. La brique H a de beaux jours devant elle. Le monde entier a reconnu les qualités exceptionnelles de cette invention d’un fils du terroir. L’Etat doit soutenir l’esprit d’innovation et la créativité en confiant la construction de nouveaux édifices publics à ce génie de l’architecture qui a révolutionné le secteur du bâtiment. Ce ne sera que justice.
Ib Traoré
